Témoignages
Trois types de témoignages sont présentés : des récits de réfugiés, des parcours d'insertion vus du côté des professionnels et des initiatives racontées par les personnes qui les mettent en oeuvre. Ils montrent qu'une intégration professionnelle réussie demande l'implication conjointe de plusieurs acteurs. Ils sont accessibles soit directement soit par mots clés.
Le bénévolat accélérateur d’insertion : en complément des mesures pour apprendre la langue
« Lorsque je suis arrivée en France avec mon mari et mon fils, j’étais enceinte. Je ne connaissais que quelques mots de français : « bonjour, au revoir, merci, je ne comprends pas ». J’avais fait des études de musique dans mon pays. J’ai travaillé 11 ans comme professeur en école de musique et en école primaire pour des cours de chants. Dès mon arrivée en France, j’ai voulu suivre des cours pour parler français. Ça a commencé aux Restos du cœur puis lorsqu’on a été au CADA j’ai encore suivi des cours. Comme mon fils allait à l’école, je regardais ses devoirs et j’ai appris comme cela en suivant son travail d’école. J’ai aussi beaucoup regardé la télé française. Quand on a été à l’OFII pour signer le contrat d’accueil et d’intégration on nous a envoyé au Greta pour suivre des cours de français. J’ai fait la formation obligatoire et j’ai passé le DELF A1. J’ai continué encore jusqu’au DELF A2 toujours grâce à l’OFII. Ensuite, j’ai suivi une formation avec pôle emploi de 600 heures. Vraiment ça m’a beaucoup aidé.
L’apprentissage de la langue m’a ouvert des portes. Je peux parler, expliquer ce dont j’ai besoin. Connaitre le français m’a beaucoup aidé. Je peux m’exprimer, dire ce que je pense. Ici les gens pensent librement, il ne faut pas avoir peur de parler. Il ne faut pas se décourager car parfois c’est difficile. Sortir de la maison, être en contact avec les autres et ne pas rester avec les gens de son pays. Le fait aussi d’être en contact avec le travailleur social du CADA a été important aussi. Moi, j’avais toujours été très active et je voulais vraiment travailler. Je voulais continuer à travailler dans la musique comme professeur. Il fallait que je trouve quelque chose à faire, même bénévolement. Après la naissance de mon deuxième fils, j’ai fait du bénévolat à la crèche mais aussi à l’église pour les fêtes de la musique. Je joue d’un instrument de mon pays. Grâce à la crèche j’ai été repérée par une personne de la mairie pour participer à la fête des bébés et jouer de la musique. Je joue aussi pour des fêtes de quartier, et avec l’orchestre symphonique du conservatoire de musique. Je chante dans une chorale comme soliste. Un jour on m’a proposé un remplacement au conservatoire comme professeur de piano, puis des cours de solfège dans les villes aux alentours, de l’initiation musicale également. Depuis, je fais même des remplacements pour la chorale, je remplace beaucoup.
En France, il y a beaucoup d’aides sociales, surtout au niveau de la santé. J’ai été bien entourée à la maternité pour la naissance de notre deuxième enfant. Les femmes ont plus de droits ici. Mais je peux dire que les mentalités se ressemblent avec celles de mon pays, elles sont assez semblables. On a les mêmes fêtes religieuses. En plus, je vivais dans une petite ville comme ici.
Mon fils s’est très bien adapté.
L’an dernier j’ai suivi une formation pour valider un niveau B1 par l’OFII et j’ai pu faire ma demande de naturalisation. Je suis très contente d’être là. »
Surmonter la barrière de la langue et le manque de compétences
Seedy est arrivé en Espagne en 2009, lorsque la crise financière a éclaté mais son statut juridique n’a été régularisé qu’à la fin de 2018, de sorte qu’il a dû effectuer des travaux durs et mal payés, sans être déclaré. Dans ces emplois, il n’a pas eu l’occasion d’apprendre l’espagnol correctement.
Parce que les services sociaux ont orienté Seedy vers les services de l’emploi de Solidaridad Sin Fronteras, il a commencé un parcours axé sur l’acquisition des compétences clés pour s’adapter aux besoins du marché du travail espagnol. Il n’avait pas suivi d’études en Gambie mais le principal problème était le manque de maîtrise de l’espagnol. Seedy a suivi un double itinéraire : tout en acquérant les compétences nécessaires pour travailler, il a également amélioré son niveau d’espagnol. Cela lui a permis d’obtenir un contrat de manutentionnaire dans un supermarché.
Aujourd’hui, Seedy continue à fréquenter les services de l’emploi de la SSF et son niveau d’espagnol s’améliore grâce à la combinaison des cours d’espagnol et de l’utilisation régulière au travail.